Christine and The Queens

L'habit ne fait pas le moine, et le nom ne fait pas l'artiste : Christine and The Queens n'est pas un groupe, mais une chanteuse – Héloïse Letissier pour l'état civil. Une jeune femme de 26 ans, passée par un long apprentissage théâtral, qui fait une pop polyglotte (papa est prof d'anglais), soigne son look androgyne, et bouge presque comme Michael Jackson, idole revendiquée. Quant aux Queens, ce sont ses comparses invisibles, souvenirs de travestis qu'elle rencontra un soir de 2010 dans un club londonien. "A l'époque, je ne savais plus qui j'étais ni ce que je voulais faire. Je suis partie à Londres pour me perdre, et je m'y suis trouvée. Ces travestis, qui ressemblaient plus au Bowie de la période Ziggy qu'aux créatures d'Almodóvar, m'ont fascinée. Ils m'ont réconciliée avec moi-même." Des vertus du dédoublement.

Dans la vie, il paraît qu'Héloïse est d'un naturel réservé. Dans son personnage de Christine, elle se "déverrouille", jouant avec le genre et assumant une libido libérée. Elle a aussi tout compris de l'importance de l'image pour exister, artistiquement et médiatiquement. Ses spectacles sont des performances qui mêlent le chant, la danse, la vidéo. De quoi largement sortir du lot.

Son premier album est sorti le 4 juin 2014, mais déjà, on ne parle presque plus que d'elle sur la scène française. Est-ce exagéré ? Quoi qu'il en soit, Christine and The Queens intrigue par son univers et sa singularité. Récompensée en 2012 au Printemps de Bourges et aux Francofolies de la Rochelle, elle est nommée aux Victoires de la musique 2014 dans la rubrique "Révélation scène".