Ils s'appellent Eddy de Pretto et Tim Dup et incarnent le renouveau d'une chanson française de plus en plus ouverte à toutes les mutations, entre inspirations hip hop et électro. Il est difficile de résumer les styles de ces deux jeunes talents, tant leurs influences et inspirations sont multiples. Cette génération d'auteurs-compositeurs a grandi avec internet, outil permettant de se faire une éducation musicale non-stop, sans barrière ni limite. "On est une génération qui a beaucoup écouté de choses, qui a eu accès à énormément de musiques différentes.
Depuis qu'on est petits, on a grandi avec cet éclectisme, cette diversification", abonde Eddy de Pretto, 26 ans, originaire de Créteil.
"Du coup, on est difficilement attachés à un genre et on ne veut pas l'être", renchérit-il. "Aujourd'hui, j'ai trois familles musicales: la chanson française, celle des Barbara, des Brel, le rap français et un R'n'B plus international incarné par des gens comme Frank Ocean, qui dépassent eux aussi leurs frontières."
Tim Dup, de quatre ans son cadet, qui a impressionné au festival de Bourges par son aplomb et son aisance à ouvrir le concert juste avant Renaud, a été sensiblement bercé des mêmes sons et cite pêle-mêle "Ferré, Moustaki, Gainsbourg, mais aussi les Cure".
"Je suis dans l'assimilation de mes influences", dit celui qui a été invité à participer à la création "Mes hommes" en hommage à Barbara, aux côtés de Dominique A, Vincent Delerm ou Albin de la Simone.
Le hip hop et l'électro se sont greffés à son tympan en grandissant. "Instinctivement, j'ai l'impression que j'ai fait le pont entre ces deux styles. Il y a cet entre-deux, entre le parlé chanté, la chanson et le hip hop."
Le chant de Tim Dup ressemble à du rap débité à tempo lent: "Ce phrasé m'est venu naturellement, précisément en raison de mes influences plurielles".
Restent les textes, qui relèvent chez chacun de ces deux artistes d'une belle précision et d'une poésie assez rude dans leur façon d'aborder frontalement des thèmes qui leur sont personnels.
"J'ai le souci du détail, du mot juste, je peaufine et je re-peaufine", affirme Eddy de Pretto. "Ce qui me fait écrire, se confie-t-il, ce sont mes émotions sombres, mes peurs, mes énervements, mes intolérances, toutes ces choses qui suscitent en moi une incompréhension, qui me foutent une boule au ventre et que j'ai envie de mettre sur le papier pour dresser un bilan. En espérant trouver une réponse."
"Mais je pense ne pas l'avoir encore trouvée", sourit ce grand garçon élevé à l'école du théâtre et qui s'est forgé une flatteuse réputation par sa présence scénique.
Tim Dup explique, lui, avoir écrit son premier titre, "TER Centre", de façon assez brute, sur un trajet retour dans le train, en 35 minutes. "J'ai lâché les mots et cela a donné un texte qui n'a presque pas bougé, en fait. Cette façon d'écrire très brute a été une révélation, à savoir coucher les mots comme ils viennent", souligne-t-il. "Il y a certaines ingratitudes qui restent mais en même temps, l'émotion est plus palpable. L'idée est de dire ce qu'on pense, comme on le dit et après, il peut y avoir des ondes poétiques pour s'y insérer."
Tim Dup sortira son premier album en octobre, Eddy de Pretto un disque de quatre ou cinq titres en septembre.
En vidéo ci-dessous --> Eddy de Pretto - Rue de Moscou et Tim Dup - Moïra Gynt