Entre être et avoir été, Hervé Vilard a tranché et opté en faveur d’un compromis. Loin de lui en effet l’idée d’effectuer le combat de trop, de se mouvoir sur scène avec une voix récalcitrante due aux outrages du temps, contrairement à certains qu’il préfère ne pas citer…C’est pourquoi il effectuera en 2018 une tournée d’adieu. Ce ne sera pas une renonciation au sens strict du terme, mais simplement, et c’est déjà énorme, aux titres qui ont fait florès pendant sa carrière et ne sont plus présentement en adéquation avec l’âge de ses artères : "Capri c’est fini", "Nous", "Méditerranéenne", "Reviens"…
"Je n’ai pas de conseils à donner, que des conseils à recevoir. Juger les autres, ça n’a pas d’intérêt. L’important, c’est d’avoir envie de chanter", dit il sur un ton péremptoire. Hervé Vilard malaxe son passé, extrapole. "J’ai toujours aimé chanter. Quand j’étais à l’orphelinat je chantais déjà. Je suis un bottin de la chanson française" Réfléchi, l’interprète aux quarante-cinq millions de disques vendus, sans prise en compte des compilations, revendique sans sourciller son appartenance. "Je suis un chanteur populaire, et fier de l’être". Adepte du langage imagé, l’homme adresse cette formulation : "Tant qu’il y aura du linge aux fenêtres il y aura des chansons. Nous sommes dans un pays qui aime chanter".
Histoire de savoir si son feu sacré n’était pas victime d’une quelconque dépréciation, il eut cette réponse solidement charpentée : "Je ne suis qu’une boule de feu". Quels coreligionnaires ont-ils tendance à le captiver ? "Il y a la chanson française que j’aime : Vianney, Doré…, et celle que je n’aime pas, dont je ne vous parlerai pas. Mes goûts sont assez éclectiques". Bientôt la chrysalide préludera mine de rien l’irréversible métamorphose. L’année 2018 durant Hervé Vilard tirera définitivement un trait sur les faits saillants de son activité artistique, en accordant une ultime chance d’exister publiquement à ses tubes.
"Je ne renie rien, mais je n’ai pas envie que la voix me lâche un jour. Je ne veux pas décevoir, ça me regarde. D’autres ne le font pas…Pour respecter les autres il faut d’abord se respecter soi-même. Je ne suis plus en mesure de mettre un costard et d’être le chanteur à sa maman". Dont acte. Il sera loisible de ressentir les émoustillements afférents aux textes et tempos l’an prochain, tous les dimanches dans les grandes salles françaises, et parfois le samedi soir. Par conséquent, qui l’aime le suive… Changement de registre ensuite. "J’irai chanter Aragon", a-t-il affirmé. Les prémices sans doute d’un cercle vertueux, et de grandioses moments à se fourrer dans l’esprit en perspective.