Jacques Prévert, poéte de toutes les générations

L’année Prévert débute officiellement en 2017, qui célébrera le quarantième anniversaire de la disparition du poète, mort le 11 avril 1977 à l’âge de 77 ans à Omonville-la-Petite (Manche), où il vécut les sept dernières années de sa vie et fut enterré. En fait, elle a été lancée dès la saison des feuilles mortes, livraisons et rééditions se ramassant déjà à la pelle, notamment chez Gallimard. Ce qui atteste de la popularité intacte de celui qui détient, après Jules Ferry, le plus grand nombre d’établissements publics scolaires à son nom. 40 ans après sa disparition, il est dit ou chanté toutes générations confondues. Témoin de la naissance de ce patrimoine de la chanson française, Jacques Canetti en fut le propulseur essentiel, via les artistes d'un inestimable catalogue que sa fille Françoise s'applique à perpétuer avec passion. 
 
Les Productions Canetti présentent cette fois, un très bel album, livret de trois CD qui, d'Arthur H à Zette Maroto, parcourt l'incommensurable univers poétique de Prévert. Pas moins d'une trentaine de grands noms de la chanson, du théâtre et du cinéma dont certains doivent leurs débuts décideurs à Jacques Canetti ("Socrate", dixit Brassens) y sont rassemblés. On y retrouve évidemment les mondialissimes Feuilles mortes dont Montand, suivi de Gréco et Cora Vaucaire, ouvre une série de plusieurs interprètes différents tant en français qu'en anglais. Là, "Autumn leaves", jouée ou chantée par Bob Dylan, Iggy Pop, Sarah Vaughan et Tony Bennet, y est sublimée par l'interprétation époustouflante d'Eva Cassidy.
 
Accordons, en plus du bonheur des retrouvailles chantées avec d'autres éminents serviteurs du poète à la cigarette ( Piaf, Mouloudji, les Catherine Sauvage et Ribeiro, Jean Guidoni, Marlène Dietrich, Nougaro etc), une oreille privilégiée aux textes dits par les comédiens. Cela se savoure sur le troisième CD, ouvert à Jeanne Moreau, Richard Bohringer, Annie Girardot, Jean-Claude Brialy, Charlotte Rampling, Philippe Léotard, Brigitte Fossey, Simone Signoret, Catherine Arditi Ludmila Mikael, conclut à six reprises par l'indispensable Serge Reggiani.
 
Côté inventaire, la petite-fille, Eugénie Bachelot-Prévert, n’a pas fait dans le détail. Fin novembre, elle a vidé la maison-musée d’Omonville-la-Petite de ses 350 meubles, livres et objets. L’héritière a pris en horreur la statue de bronze représentant son grand-père et son ami décorateur Alexandre Trauner, inaugurée en avril dans un parc du village. Son exigence de retrait restant lettre morte, elle a mis fin à la convention signée avec le propriétaire, un conseil départemental plongé dans l’embarras.
 
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