Pour les Rita Mitsouko, Minuit c'est l'heure de la relève

Ne leur parlez pas de leurs parents d’entrée de jeu, ils le prendraient mal. Ou plutôt, ils se renfermeraient gentiment et poliment sur eux-mêmes. Pourtant la ressemblance est troublante. Chez Simone Ringer tout nous rappelle sa mère, la grande Catherine, moitié du mythique duo (à la scène) et couple (à la ville) Rita Mitsouko : la même voix, les mêmes intonations, la même gestuelle et, surtout, la même façon d’évoluer sur scène et de chanter. Idem pour son frère, Raoul Chichin, guitariste, copie conforme de son (leur) père, le regretté Fred. On ne peut s’empêcher de penser qu’ils sont les dignes héritiers des Rita Mitsouko.

Car avec leur groupe, Minuit, créé avec deux amis, Joseph Delmas à la guitare, et Klem Aubert à la basse, ils dégagent une énergie folle. Elle se déhanche et vocalise à merveille, comme maman, lui électrise sa guitare, comme papa. Que la sœur et le frère aient envie de travailler ensemble paraît presque banal, qu’ils perpétuent ainsi le son de leurs parents avec talent l’est moins. Ils ont fait une entrée fracassante dans le paysage musical français en sortant un EP remarqué à l’automne 2015. Depuis, Minuit a cultivé sur la route son sens de la scène et son identité au fil des concerts, avant de dévoiler un premier album très réussi, Vertigo : une suite de chansons mâtinées de pop, de rock, de funk et de punk.

D’abord il y eut la rencontre entre Raoul et Joseph, il y a presque six ans. Puis en 2013, les deux acolytes se sont mis à gratter ensemble. Raoul connaissait déjà Klem, qui vivait dans le Sud, et l’a convaincu de monter à Paris pour prendre part à l’aventure. Ne manquait plus qu’une voix : c’est là que Simone entre en scène. "J’ai toujours joué de la guitare à la maison, ça fait partie de ma vie, raconte Raoul d’un air nonchalant. J’ai créé mon premier groupe à dix ans, c’est dire. Avec Minuit, il n’y avait pas d’enjeu, pas de pression. J’ai fait appel à ma sœur car ce groupe était un hobby, on voulait juste jouer dans des pubs. Je savais que ça l’amuserait". "Moi, je ne voulais pas être sur scène, enchaîne Simone. J’ai commencé une carrière de graphiste à Bruxelles, je pensais travailler dans le milieu musical mais uniquement pour créer des affiches et des pochettes de disques. Venant d’une famille de musiciens j’ai toujours trouvé ce milieu trop cool. Mais devenir chanteuse, je me suis surprise moi-même. Petite, je chantais beaucoup, puis à l’adolescence plus du tout", ajoute-t-elle. Le destin en a décidé autrement.

Si elle a créé toute l’identité visuelle du groupe (du graphisme de la pochette de l’album au stylisme), Simone écrit aussi toutes les chansons. Et elle prend goût à la scène. Une anecdote lui vient : lorsqu’ils étaient enfants, les deux complices (ils ont deux ans d’écart) aimaient faire des blagues. Simone répondait au téléphone et..., même voix oblige, se faisait passer pour sa mère, avec son frangin plié de rire juste à côté. "Même moi, je me faisais avoir", confirme Raoul. Mais que pense Catherine ­Ringer de leur début de carrière ? "Comme toute mère qui aime ses enfants, répond Simone. Elle suit ce qu’on fait, ni plus ni moins". Pourtant, on est sûrs qu’elle se glisse, l’air de rien, au cœur des fans de Minuit, mais ce n'est pas un crime.

Concerts de Minuit:

Mercredi 13 Mars 2019 à 19h00 dans le cadre du festival AVEC LE TEMPS - Espace Julien à Marseille (13)

Samedi 16 Mars 2019 20h30 au Metaphone Site Du 9/9 Bis à Oignies (62)

En vidéo ci-dessous --> Minuit - Exil