Robert Charlebois en tournée française

Robert Charlebois quitte son Canada d'origine pour assurer une tournée française et fêter "comme il se doit" sa belle et longue carrière. Un gars pas "ben ordinaire". C'est en empruntant ces mots à l'un de ses plus beaux titres que l'on pourrait définir la carrière du québecois Robert Charlebois: à la tête d'une discographie sans rides de cinq décennies, le chanteur de 72 ans a choisi de délaisser quelques temps son activité de brasseur pour revenir à la musique l'espace de quelques mois dédiés à sa tournée. Un anniversaire qu'il fêtera avec un show "électro-acoustique", entouré de cinq musiciens reprendront avec lui ses plus grands titres et feront défiler sa belle carrière entre deux rives.  
 
Toujours très fidèle à son public français, Robert Charlebois ne manque pas de lui rendre visite à chaque occasion et ce sera une nouvelle fois le cas pour célèbrer avec lui cet incroyable jubilé. 
 
Charlebois est d’une énergie débordante et d’une curiosité sans bornes. Il s’est ainsi retrouvé brasseur, initiateur d’un business qui créa une centaine d’emplois. Il a d’abord suivi son inclination: "Je préfère une bonne bière à un mauvais vin". Comme s’il jouait les gourous en développement personnel, il théorise "la loi des 10 000 heures". Il explique: "La chance passe pour tout le monde. Ce jour-là, il faut être prêt. Bill Gates avait déjà beaucoup taquiné son ordinateur avant de saisir la bonne opportunité. Moi, j’avais mes 10 000 heures de buveur".
 
Il découvre un univers, apprend la fermentation et teste les amertumes. Il rencontre les patrons de bar, choisit les noms de ses breuvages, imagine les logos et les slogans et tambourine sa promo jusque sur scène. Et puis, au bout d’un moment, il se lasse. Il revient à son triptyque, un tiers de vie publique, un tiers de méditation et de création, un tiers de vie de famille. Il joue au golf en amateur éclairé, avoue un handicap raisonnable loin derrière celui de Bob Dylan et se désole que cette activité champêtre continue à avoir mauvaise presse en France. Il passe l’hiver aux Antilles, qui sont un peu le Miami des Québécois. Il aime pêcher le marlin ou faire du bricolage. Il était proche voisin de Coluche, artisan de haut niveau: "Il avait de l’or dans les mains". Charlebois, lui, se voit plutôt en ouvrier de bonne volonté et de belle humeur.
 
Charlebois a le Québec à fleur de lèvres, mais il se fiche toujours des "indépendantristes" et se défie du séparatisme. Il est conscient des interdépendances et préfère un renforcement du fédéralisme. Il dit: "On pense encore comme au temps des chevaux. Avec le numérique, ce n’est plus la terre qui importe mais le ciel". Il est fier de sa langue d’origine mais aime vivre dans le bilinguisme. Sinon, il creuserait bien un tunnel entre le Canada et la France. Comme il rapprocherait volontiers les Rocheuses de l’Ontario, histoire de "faire du bon ski". La géopolitique linguistique ne devant pas céder devant plaisir de l’instant.